Méthode GUILLARME

Mission humanitaire et collaboration

Retour sur la mission de Marie Claire PROVOST (kinésithérapeute) à l‘Hôpital de Kabinda et de Panzi, République démocratique du Congo.

« Mon séjour à l’Hôpital Panzi fut intense, très intéressant, et rempli d’émotions multiples… Dans cet Hôpital du Dr Mukwege, ces femmes, ces jeunes filles, ces gamines qui sont violées, massacrées au plus profond de leur être, nous transforment… »

Marie Claire nous raconte son périple pour intégrer la Méthode Guillarme dans les différents services avec l’aide de tous les acteurs de santé dont le Dr Mukanire.

La Methode Guillarme permet d’obtenir une action sur un grand nombre de pathologies dont les fistules, les prolapsus chez les femmes Congolaises ainsi que la prise en charge des femmes pour les préparer physiquement à accoucher par voie basse ou par césarienne.

« Ce fut une petite révolution »

Un grand Merci à Marie Claire PROVOST pour son humanité. Nous sommes fiers de participer à ces missions, à notre niveau, grâce à la méthode.

Si vous êtes professionnels ou étudiants dans le domaine de la santé et que vous désirez vous investir dans ces missions, contactez-nous !

En 2013, Alliance Internationale m’envoie en mission de formation à l’Hôpital Général de Référence (HGR) Saint-Camille dans la province de Lomami à Kabinda en RDC.

C’est un hôpital de brousse dans une région très pauvre sans eau courante ni électricité qui couvre une superficie qui équivaut à la moitié de la Belgique ! Bien sûr, des centres de santé sont installés en brousse pour éviter que les mamans n’accouchent seules mais il n’y a aucun médecin.. heureusement, le tamtam fonctionne et l’ambulance de l’hôpital est appelée en cas de problème. Lors de la précédente mission, nous avions pu avoir une accoucheuse d’un centre de santé lors de la formation, mais ce n’est pas facile car elles doivent venir par la piste en moto et celle-ci est impraticable en saison des pluies : ce qui était le cas cette année, nous avons mis 10h pour parcourir le dernier tronçon de 40Kms A Kabinda, la méthode Guillarme est à présent bien implantée au sein de la maternité : tant les médecins que les infirmières accoucheuses sont convaincus de l’efficacité.

Avec la collaboration des médecins, nous avons introduit Guillarme lors des césariennes : ce fut une découverte pour les médecins et pour les mamans qui étaient heureuses d’avoir pu participer à la naissance de leur bébé!

Après trois années de pratique, ce qui est merveilleux c’est que les infirmières sont à présent convaincues et donc motivées pour appliquer la méthode Guillarme. Elles sont toutes contentes de me raconter leurs succès :

  • La période de dilatation est plus courte
  • Les mamans sont plus calmes
  • Elles disent qu’elles sentent leur bébé descendre lorsqu’elles soufflent, elles ont une meilleure maîtrise
  • L’expulsion est plus facile, plus douce et plus courte
  • Il y a moins d’épisiotomies
  • Les infirmières accoucheuses ont toutes exigé un physioflow pour elles, personnellement !
  • La semaine passée, une maman a été amenée d’un centre de santé en ambulance à l’hôpital car le travail durait depuis des jours…et le bébé souffrait. Dès son arrivée, on l’a préparée de suite pour la césarienne et en la préparant, l’accoucheuse lui a donné le souffleur en se disant qu’elle serait de toutes façons, ainsi, plus calme. Elle a été amenée sur le brancard en salle d’op tout en exigeant de continuer à souffler (la salle d’op est dans un autre pavillon)
  • Sur la table d’opération lorsqu’on la désinfectait avant de couper, elle a accouché par voie naturelle !…. tout le monde était surpris et heureux!!! 

En 2019, lors d’une de mes missions de kinésithérapie à l’Hôpital St Camille, j’ai rencontré le Dr Mukanire, chirurgien à Panzi et bras droit du Dr Mukwege.

Le Dr Mukanire était en mission à Kabinda pour apprendre aux médecins de cet hôpital à opérer les fistules. Le Dr Mukanire s’est intéressé à la méthode Guillarme pratiquée depuis peu en maternité dans cet hôpital. Il fut convaincu… C’est alors qu’il m’a demandé d’intervenir au 1er congrès de la Chaire Mukwege à l’Université de Liège afin de parler des résultats obtenus en maternité suite à cette formation Guillarme.

Et c’est ainsi que j’ai eu l’honneur de me retrouver en juin 2023 à l’hôpital Panzi de Bukavu.

La mission, définie avec le Dr Mukanire, consistait à introduire la méthode Guillarme dans différents services de l’hôpital.

Notre première tâche à Panzi fut d’introduire cette méthode Guillarme auprès des sagesfemmes. C’est dans la salle d’accouchement que j’étais basée. Il faut dire que les accouchements sont au nombre de 10 à 15/jour à Panzi ! Cette formation est plus que nécessaire étant donné le nombre élevé de grossesses par femme congolaise et les charges qu’elles soulèvent !

Notre deuxième tâche à Panzi fut d’introduire la formation auprès des femmes qui souffrent de fistules uro-génitales et de prolapsus. Le nombre élevé de fistules chez les femmes congolaises est dû, notamment, aux accouchements et interventions qui ont lieu dans des conditions inappropriées. Cette méthode Guillarme aura sa place pour éviter les récidives de prolapsus.

Notre troisième tâche toujours à Panzi consistait à introduire la formation Guillarme lors de l’éducation sanitaire des femmes que Mama Sophie prend en charge.

Notre quatrième tâche fut de former en Guillarme les kinésithérapeutes : Anne-Marie et Olivier. Nous avons insisté également sur les différentes pathologies où la méthode Guillarme peut être très efficace !

Ensuite, nous avons expliqué la méthode Guillarme et ses avantages auprès des médecins du Congo qui participaient au Diplôme Inter-Universitaire de Chirurgie Vaginale. L’hôpital Panzi s’est en effet donné comme challenge de former les médecins généralistes, prestant dans les milieux ruraux, sur la réparation des fistules et bonnes pratiques obstétricales dans les 26 Provinces de la RDC afin de pouvoir réduire, notamment, les taux des fistules.

Ils ont été très intéressés par le concept d’autant que ce concept est efficace pour éviter toute récidive post-opératoire. 

Comme à l’hôpital de Kabinda, mon séjour à l’Hôpital Panzi fut intense, très intéressant, et rempli d’émotions multiples…

Je ne croyais jamais pouvoir vivre ce que j’ai vécu dans cet hôpital Panzi où règnent tellement d’humanité et de bienveillance !…

Dans cet hôpital du Dr Mukwege, ces femmes, ces jeunes filles, ces gamines qui sont violées, massacrées au plus profond de leur être, nous transforment… Oui, toutes ces femmes qui souffrent dans leur âme… nous rendent plus humains, plus fragiles parfois, mais la tendresse qui règne ici dans le personnel nous tient debouts !

J’ai vraiment eu de la chance que l’on m’ait accordé cette confiance en m’invitant à participer à cette oeuvre de tous et de chacun !

Maintenant je comprends vraiment de l’intérieur ce que ce Prix Nobel de la Paix, décerné au Docteur Mukwege, représente…

De tout coeur : « merci à Elie Guillarme pour les dons en matériel pour les deux hôpitaux, ainsi que son implication dans le futur à Panzi… »

De tout coeur : « merci Dr Mukwege pour la confiance que vous m’avez accordée en m’invitant chez vous ». De tout coeur « merci Dr Mukanire de m’avoir accueillie et guidée avec autant de présence et de bienveillance ». 

Merci Père Abbé de l’Abbaye de Scourmont qui a financé ma mission à Panzi et le matériel pour Kabinda».

Et, « Merci à mon mari qui me soutient toujours avec amour ».

30 Juin 2023, Marie-Claire Provost.